De Mogador à Essaouira

DES ILES PURPURAIRES A ESSAOUIRA

L’histoire mythique d’Essaouira

Essaouira, Tamuziga, les îles purpuraires, Sidi Mogdoul, Mogador, la ville en presqu’île a cumulé les appellations au gré de l’histoire. La belle et bien faite (son nom arabe : الصويرة : al suwayra signifie la bien dessinée, la bien conçue ) protégée des alizés, riche de variétés protégées : le coquillage Murex, le faucon Eléonor ; la belle au climat doux et tempéré, comme ses habitants ; aux paysages de dunes et campagne aux arganiers a toujours fasciné, dès l’antiquité.

Les îles Purpuraires

On retrouve les premières traces de sa longue histoire dans les années 800 av. J.-C., à l’époque Phénicienne où, après la fondation de Carthage, des marchands puniques se dirigent vers l’extrême occident pour y installer des comptoirs. A cette époque-là, on l’appelle encore Tamuziga. Petit à petit le terme de Mogdoul, Amogdoul s’affirme, il serait emprunté au mot phénicien Migdol, Mogdoul qui fait référence à un lieu fortifié ou une tour de surveillance.

Mogador

On retrace aussi l’origine de ce terme en lien à Sidi Mogdoul, un Saint vénéré jusqu’à aujourd’hui dans la région. S’en suivit la période des monarchies berbères et le règne de Juba II, premier a exploiter le murex pour en extraire la couleur pourpre. Cette couleur, synonyme d’un rang social élevé donne une idée de la renommée des « îles purpuraires » pendant l’Empire Romain. Rome annexe le « Royaume berbère » qui devient province romaine jusqu’au IVe ou Ve siècle apr. J.-C.

La présence portugaise : Mogador

La dynastie des Wattassides, trop faible et essoufflée ne peut rejeter les Portugais à la mer. Ces derniers y fondent un « castello Real » (Château Royal) ainsi qu’un port commercial par l’entremise du roi Manuel Ier du Portugal en 1506. Les Portugais qui ont assimilé le nom de Mogdoul à celui de la ville portugaise Mogadouro, choisissent la version hispanisée du nom de Mogador. Avec des objectifs évidents au niveau économique et géostratégique toutefois la résistance arabo- berbère est forte et les portugais ne resteront pas. Ils auront imprimé leur marque sur les remparts de la vieille ville. Entre le XVIe et XVIIe siècle, les Saadiens mettent en place plusieurs sucreries dans lesquelles des esclaves soudanais travaillent à proximité d’Essaouira. Le sucre roux est expédié en Italie par le souverain Ahmed Al Mansour.

port essaouira

Le XVIIIe siècle et la fondation d’Essaouira

Le sultan Sidi Mohammed Ben Abdellah voulait disposer d’un port accessible toute l’année et bien défendu contrairement aux ports du nord qui, à cause de leur ensablement, étaient inabordables en dehors de la saison des pluies. Soucieux également de la distance qui séparait Safi et Agadir laissant une trop grande partie des côtes non protégées (ce qui avait permis l’invasion portugaise au XVIe siècle), il décide d’installer des fortifications. En 1767, le sultan fait appel à Théodore Cornut, l’architecte français afin de réaliser la nouvelle ville. Ce dernier fait jaillir cette cité née du sable et du vent en une kasbah entourée de remparts. Petit à petit se construisent les fortifications, un chantier naval, les fortifications de la Sqala, Le Sultan joue sur la distance entre les îles et la terre ferme de la baie pour pouvoir protéger chaque entrée de la baie que ce soit celle du nord grâce aux Borj El Âssa et Borj El Baroude, ou celle du sud à l’aide du Borj Moulay Ben Nasser et du Borj El Barmil grâce à des batteries faisant feux croisés. La défense d’Essaouira se fait en deux styles et types de remparts : tout d’abord le style chérifien qui protège le côté terre de la ville rappelant les fortifications de Marrakech, puis ensuite le côté mer de la ville par l’intermédiaire du style européen (style Vauban …)

Le protectorat

En 1799, la ville est touchée par une violente épidémie de peste au cours de laquelle succombent 4500 personnes. La physionomie de la ville déjà en métamorphose depuis quelques années ( en 1773, le sultan avait formé une armée en faisant appel à des fantassins originaires de Fès et de Marrakech pour mater une rébellion de la population d’Agadir et fait venir des artisans potiers de Safi et des marqueteurs, tanneurs de Marrakech) : la ville semble une ville militaire, les fortifications sont détruites, on construit le Mellah pour abriter les juifs, car la kasbah ne peut plus contenir les habitants. En août 1844 les célèbres bombardements de Mogador sous l’autorité du Prince de Joinville qui dureront près de vingt-six heures (en représailles au soutien du Maroc à l’émir Abdel Kader luttant contre la présence française en Algérie) constituent les prémices d’une tension et de conflits qui se solderont par le protectorat en 1912 qui durera jusqu’en 1956.

Essaouira, l’âge d’or

Essaouira contemporaine c’est la prospérité du XVIIIe et XIXe siècle : une formidable prospérité, conséquence entre autres de la présence d’une communauté juive d’artistes joailliers. A cette époque les juifs sont plus nombreux que les musulmans. On la surnomme « port de Tombouctou » pour ses caravanes chargées d’or, d’épices et d’esclaves en provenance d’Afrique subsaharienne. Le commerce y est exacerbé. C’est aussi, le port, longtemps le seul ouvert au commerce extérieur Premier port sardinier au monde. Mais lors de la guerre des Six Jours, un grand nombre de juifs s’enfuient et, petit à petit d’autres ports se développent en eau plus profonde, ce qui annonce le déclin du port d’Essaouira.

Essaouira contemporaine

Si les activités de pêche subsistent ; aujourd’hui Essaouira c’est avant tout une station balnéaire où une grande partie de l’activité est dirigée vers le tourisme : artisanat (bois de thuya), production d’huile (argan, olive), hébergement de luxe (ryad en médina), soin et bien être (massages, hammam, spa)…. Après la période du protectorat c’est le tourisme qui ne cesse de se développer, la médina devenant patrimoine mondial de l’UNESCO en 2001 ; accentuera cette tendance. La création de la nouvelle ville propose une autre alternative à celle de la médina et de nouvelles possibilités pour les étrangers qui souhaitent s’y installer. Malgré un grand boum démographique ; la ville reste à la mesure d’un village (70 000 habitants), jumelée à La Rochelle elle en a d’ailleurs un peu l’esprit, en plus orientale ! Cependant, selon le découpage administratif local, Essaouira est le chef lieu d’une région bien plus grande : la région Marrakech- Tensift- El Haouz qui couvre une superficie de plus de 6000 kms² avec 57 communes. De gros chantiers ont été mis en œuvre afin de remédier aux installations, infrastructures autrefois précaires. Une clinique, deux écoles françaises, des établissements administratifs ont « poussé » ainsi que de nombreux projets touristiques.Pendant longtemps considérée par les marocains comme le St Tropez du Maroc pour son climat et ses plages magnifiques et désertes, la belle ne cesse de séduire les étrangers qui s’y installent de plus en plus.

tourisme essaouira

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